Le Paranormal est-il devenu un divertissement ?

Émissions de télévision, films, vidéos Youtube, plateforme de streaming… Aujourd’hui, le paranormal semble être intégré à la culture populaire et à l’«entertainment». Un produit de divertissement à succès qui passionne autant qu’il intrigue. Retour sur une croyance ancestrale devenu à elle-même un marché à part entière.

L’origine du paranormal

Selon une récente étude de YouGov, 32 % des Français déclarent croire aux fantômes et/ou aux esprits. Une croyance qui n’a rien de nouveau. Dans son article « Histoire de fantômes dans l’Antiquité » paru en 2006, Thomas Marlier analyse plusieurs textes en expliquant que les Grecs croyaient déjà aux fantômes. Ces manifestations spectrales pouvaient se classer en plusieurs catégories, à savoir : des manifestions sonores, tactiles ou bien des apparitions intégrales. Par exemple, dans le récit de Plutarque, Dion, un homme politique grec, est frappé par l’apparition d’un fantôme qui lui annonce sa mort prochaine. Loin d’être gratuites donc, ces apparitions fantomatiques avaient plusieurs fonctions dont trois principales : le maléfice, la compassion et la révélation. En ce qui concerne la compassion, il pouvait arriver que les fantômes aident les vivants à franchir certains obstacles de leur existence.

Aujourd’hui, la croyance au paranormal demeure toujours, mais elle n’est plus la même que durant l’Antiquité. De nos jours, le paranormal a essentiellement pour but de nous divertir en jouant sur nos peurs et en nous interrogeant sur son caractère réel ou imaginaire.

Les grands médias ont compris l’importance que pouvait avoir ce phénomène sur le grand public.

L’ouverture du paranormal au grand public : les films et les émissions TV

Récemment, le film « Paranormal investigation » s’est hissé parmi les plus gros succès de Netflix. Le film raconte l’intervention d’Andrei, un chasseur de fantômes, au sein de la famille de Dylan, celui-ci étant possédé par un esprit maléfique à la suite d’une partie de OUIJA. Ce film s’inscrit dans une longue lignée d’autres films utilisant la technique du found footage (enregistrement trouvé). Le but de ce procédé est de transformer un film en « documentaire », notamment par l’usage de la caméra subjective, afin de brouiller la frontière entre la réalité et la fiction.

Le premier film qui a popularisé cette méthode filmique est « The Blair Witch Projet » sorti en 1999, écrit et réalisé par Daniel Myrick et Eduardo Sanchez. L’histoire est simple : trois étudiant en cinéma décident de tourner un documentaire à propos d’une sorcière qui se cacherait dans la forêt de Blair. Ils disparaissent et la police retrouve la vidéo de leur documentaire, cette vidéo constitue les scènes du film.

« The Blair Witch Projet » inspirera des films tels que « REC » ou « Paranormal Activity », pour ne citer que les plus connus.

On voit que le paranormal n’est pas à proprement parler de la fiction « pure », car il repose aussi sur une impression d’authenticité, de réalité. C’est pourquoi, le format documentaire du paranormal s’est largement développé à la télévision au début des années 2000, adoptant l’idée que les phénomènes paranormaux pouvaient être filmés comme des images du réel.

L’émission américaine « Ghost Hunters » (« Traqueurs de fantômes »), créé en 2004 par l’organisation “The Atlantic Paranormal Society”, avait pour concept de suivre une équipe de chasseurs de phénomènes paranormaux enquêtant sur des endroits supposés hantés. En France, l’émission « La soirée de l’étrange » basé sur des reportages et témoignages de faits inexpliqués a connu du succès avant de s’arrêter en 2010.

Cependant, force est de constater que le paranormal n’est pas mort avec la disparition de ces émissions de télévision, il a évolué et a retrouvé une nouvelle vigueur sur le web, notamment, sur Youtube.

Youtube et le paranormal

Fin 2017, la youtubeuse Jill Vandermeulen met en ligne sur chaîne « Silent Jill » une vidéo où elle se trouve dans un Manoir hanté avec le Grand JD, un autre youtubeur. Face au caractère trop spectaculaire des images, les internautes crient à une mise en scène dans le but de faire du « buzz ». Dos au mur, Jill devra faire une vidéo d’excuse où elle expliquera qu’elle ne faisait que du « divertissement » (ironique non ?).

Sur la plateforme, nombreux sont ceux qui se revendiquent chasseurs de fantômes ou bien enquêteurs de phénomènes paranormaux. En 2016, Le Grand JD crée la série « Phantasma » consacrée à l’exploration urbaine de lieux hantés. Considéré comme authentique et sincère, ses explorations ne seraient jamais truquées, quitte à laisser de coté tout aspect sensationnel. C’est pourquoi, après le scandale de la vidéaste, les internautes ont plutôt plaint Le Grand JD pour s’être fait duper par celle-ci.

Par conséquent, il y aurait deux types de youtubeurs dans la catégorie des chasseurs de fantômes. Les buzzers prêts à créer du contenu spectaculaire quitte à laisser de coté la véracité de leurs vidéos, et les authentiques disposés à créer de « vraies vidéos » tout en prenant le risque de moins divertir.

Dans les deux cas, Youtube a remis au goût du jour le paranormal en réactivant des pratiques spirites qui nous divertissaient autrefois.

Qu’on y croit ou non, le paranormal reste une source inépuisable d’interrogations, de passions et de débats qui dévoilent notre finitude dans la compréhension des mystères du réel.

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